L'écosystème local

Le tiers-lieu est un objet de redynamisation territoriale qui recrée du lien entre les citoyens. Il doit s’inscrire sur son territoire, et prendre en considération une palette d’éléments qui seront déterminants sur la viabilité du projet tel que son histoire, les dynamiques qui s’y déploient et les acteurs qui le font vivre.

 

L’attention pendant cette phase doit être portée à la fois sur les besoins non pourvus, la compréhension de l’existant et l’identification des potentialités. L’ancrage local du projet résultera de la réponse apportée à ces attentes, désirs et besoins territoriaux.

 

Afin d’intégrer au mieux ces aspects, le projet s’appuiera également sur les politiques publiques et les éventuelles stratégies de développement territorial, que ce soit sous la forme de Schéma de Développement communal (SDC), Perspective de Développement Urbain (PDU), Programme Communal de Développement Rural (PCDR), Master plan et autres projets de territoire. Il pourra même, dans certains cas, se fonder au départ de ces outils.

Les acteurs locaux qui vont se mobiliser autour du projet, l’accompagner et lui fournir des ressources (connaissances, savoir-faire, réseaux, financement, équipement, personnel, etc.) sont un support indispensable au développement de votre future tiers-lieu. Il est dès lors important de les identifier le plus en amont possible du processus. La contribution, de quelque nature qu’elle soit, doit être rapidement définie.

 

Intégrer des acteurs qui connaissent finement le territoire, ses composantes et ses besoins renforce le potentiel de réussite du projet de tiers-lieu. C’est le cas par exemple des Hubs Créatifs qui jouent un rôle de tête de réseaux vis-à-vis d’antennes locales tels que les tiers-lieux. Les besoins ainsi que le volume et la diversité des acteurs varieront sensiblement selon la typologie du territoire où il s’ancre : métropolitain, urbain, périurbain ou rural. Le contexte local est dès lors déterminant sur les modalités de développement du projet (choix d’une filière, services proposés, type d’animation, etc.).

 

Par ailleurs, si les partenaires sont essentiels pour le tiers-lieu, ce dernier représente également une opportunité pour l’entreprenariat local. En effet, il peut contribuer à renforcer une dynamique existante, révéler un potentiel latent, ou encore fournir des services d’accompagnement au bénéfice du développement et de l’innovation.

Si le modèle type est bien celui de l’initiative communautaire locale, éventuellement d’inspiration libertaire dans la mesure où le tiers-lieu apparait comme un espace d’émancipation individuelle et d’expérimentation collective (Lorre, 2020), l’intervention de l’autorité publique peut bousculer le principe de base, mais s’avérer généralement indispensable à l’équilibre financier.

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Trois modalités d’intervention de l’autorité publique peuvent être distinguées (Liefooghe, 2018) :

• un soutien de la part des autorités publiques, généralement locales, aux acteurs privés et/ou associatifs à la base du projet qui en conservent la gestion et la maîtrise ;

• un soutien et une mobilisation des autorités publiques locales afin de favoriser l’émergence d’un tiers-lieu géré par l’autorité publique au départ de potentialités, dynamiques ou besoins latents, identifiés préalablement ;

• un soutien d’une autorité publique supra-locale (régionale, fédérale ou européenne) sous la forme d’un principe d’appels à projets afin de stimuler et mobiliser les acteurs locaux, avec une gestion qui reste sous la tutelle supra-locale.
   

Chaque formule présente ses avantages et inconvénients, cependant, pour favoriser l’implication de la communauté, le pouvoir public doit davantage être un centre d’incubation que le porteur du projet. Concrètement, l’intervention des pouvoirs publics peut aller de la simple mise à disposition de locaux à la gestion et animation complète du lieu, en passant par le relais de communication, l’aide au lancement (politique numérique, innovation, développement durable) et le soutien ponctuel (évènements, partenariats).